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Actualités Bien le bonjour du Liban

Technica invente AmbuVent en pleine pandémie de coronavirus. Un respirateur artificiel dont les pièces sont découpées sur des machines laser Bystronic. Alors que le Liban est ébranlé par une crise de plus, nous rencontrons aujourd’hui le directeur d’entreprise Tony Haddad.

Tony Haddad est un patron de l’ancienne école, un visionnaire qui se soucie de ses employés et œuvre pour la durabilité. Et ceci, dans un pays secoué par de multiples crises. Pourtant, les Libanais finissent toujours par se relever et se réinventer. Lorsque Bystronic rendit visite au printemps à son client Technica en vue d’un article dans le magazine client Bystronic le dirigeant Tony Haddad avait présenté sa nouvelle invention – l'«AmbuVent». Un respirateur artificiel conçu en interne dans un temps très court et dont des pièces sont découpées sur la Bystar Laser. L’idée de l'«AmbuVent» lui est venue pendant la pandémie de coronavirus, mais sa concrétisation a brusquement été reléguée au second plan le 4 août 2020. Subitement, le monde entier, choqué, regarda Beyrouth: une explosion survenue dans le port détruisit tout un secteur de la capitale et coûta la vie à de nombreuses personnes. Une tragédie supplémentaire qui suscite de nouvelles questions, auxquelles Tony Haddad apporte des éléments de réponse. Nous avons eu un nouvel entretien avec lui – cette fois, virtuellement, par vidéoconférence.

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Tony Haddad, Directeur de Technica, sur son propre terrain de basket de la société Bikfaya au Liban.

Tony Haddad, Directeur de Technica, sur son propre terrain de basket de la société Bikfaya au Liban.

«Nous voulons un changement»

Cela s’entend, Tony Haddad n’a pas perdu espoir. Il fait néanmoins remarquer: «Nous ne savons pas si nous sommes déjà à terre, ou si nous descendrons encore plus bas». Il nous parle des crises de ces dernières décennies et les doigts de sa main ne suffisent pas pour les énumérer. L’explosion début août ébranla une nouvelle fois le pays: «Nous avons toujours connu des guerres et des crises, et nous avons développé une force de résilience. Nous sommes des battants» souligne Tony en évoquant la solidarité de la société libanaise.

Les personnes souffrent. L’économie s’enraye. Les Libanais veulent un changement – ils veulent initier une mutation. En pensant rétrospectivement au 4 août, Tony Haddad opine: «J’avais espéré qu’un réveil se produirait. Or, la honte n’est pas suscitée par l’explosion, mais parce qu’il ne s’est rien passé après».

Tony Haddad a fondé la société Technica en 1982. Il avait une vision: «Je voulais construire des machines au Liban et les vendre dans le monde entier».

Tony Haddad a fondé la société Technica en 1982. Il avait une vision: «Je voulais construire des machines au Liban et les vendre dans le monde entier».

«Tu est fou»

Début le mois d’août, divers témoignages sont venus des quatre coins du monde. En effet, Tony Haddad avait constitué une entreprise d’envergure internationale ces dernières décennies. Il a pris lui-même les rênes et les tient toujours – comme en 1982, lorsqu’il mit sa vision en pratique: «Je voulais construire des machines au Liban et les vendre dans le monde entier» et ce, alors que nous étions en pleine guerre. Tous tentèrent de l’en dissuader: «Tous me dirent, tu es fou – ne fais surtout pas cela!» Mais il n’a pas tenu compte de ces mises en garde et réalisa son projet sans aucun plan d’exploitation. «38 ans plus tard, nous sommes devenus fournisseurs d’entreprises multinationales. Nous recevons notamment des commandes du Mexique, de Russie, du Pérou et d’Afrique».

Et voilà que nous sommes à nouveau confrontés à une crise – comment l’expliquer aux employés?

Il en a pourtant fallu du temps jusqu’à ce que Tony Haddad ait des clients sur quasiment tous les continents: «J’avais à peine 30 ans lorsque j’ai créé mon entreprise. Je voulais donner du travail aux gens dans mon pays, pour qu’ils ne soient pas contraints d’aller à l’étranger», et il emploie aujourd’hui pas moins de 200 personnes dont il se sent responsable comme de leur famille. Il comprend leurs soucis. Leurs angoisses existentielles sont très grandes: «Nous les tranquillisons en leur expliquant la situation. Nous ne leur cachons pas la vérité. Nous sommes bel et bien confrontés à une crise et nous leur expliquons ce que nous devons faire. Nous évoquons les conséquences positives que cela aura pour eux, leurs familles, pour Technica et pour notre pays».

En tant qu’entrepreneur, Tony Haddad songe à l’avenir. Il ne s’agit pas seulement de surmonter la situation actuelle, mais aussi d’élaborer une stratégie pour le futur.

Les employés viennent avec leur propre famille participer à la plantation annuelle d’arbres. Technica plante un arbre au nom de chaque client qui a passé une commande à partir de EUR 100 000: «Nous créons ainsi un lien entre le client et nous» affirme Tony Haddad avec conviction.

Les employés viennent avec leur propre famille participer à la plantation annuelle d’arbres. Technica plante un arbre au nom de chaque client qui a passé une commande à partir de EUR 100 000: «Nous créons ainsi un lien entre le client et nous» affirme Tony Haddad avec conviction.

Penser globalement, agir localement

Technica fournit aujourd’hui des solutions d’automatisation dans le monde entier. Il est primordial pour Tony Haddad de construire et d’entretenir une relation avec ses clients. C’est pourquoi, Technica plante un arbre au nom de chaque client qui passe une commande à partir de EUR 100 000. Grâce aux données GPS, les clients peuvent suivre la croissance de leur arbre au Liban. «Nous créons ainsi un lien entre le client et nous». Technica a déjà planté plus de deux mille arbres dans les forêts libanaises. Cette initiative s’inscrit dans le projet sociétal «CSV» (creating value to our community) – générons ensemble des valeurs pour notre communauté.

Il y aura de plus de plus d’arbres, car Technica poursuivra son expansion et, sous l’impulsion de la stratégie 2025 «go global, go digital and go lean», elle ambitionne de conquérir de nouveaux pays et marchés avec le concours de ses employés: «Et voici comment, ensemble, nous entendons nous développer. Nous ouvrons une filiale en Pologne et projetons d’en faire de même au Canada. L'«Internet des objets» (IoT) nous assiste pour les solutions numériques. Nous disposons ainsi de processus rationalisés et nous sommes en mesure d’agir rapidement sur le marché».

L’AmbuVent est un respirateur artificiel homologué, fabriqué sur une machine laser Bystronic: des centaines de ventilateurs peuvent ainsi être produits tous les mois. Début 2020, lorsque les

L’AmbuVent est un respirateur artificiel homologué, fabriqué sur une machine laser Bystronic: des centaines de ventilateurs peuvent ainsi être produits tous les mois. Début 2020, lorsque les

Du concept au respirateur artificiel

La force de Technica réside dans sa réactivité face aux changements et à sa capacité à emprunter de nouvelles voies. Début 2020, lorsque les images d’Italie déferlèrent aux informations, elles ne laissèrent plus de répit à Tony Haddad. En un rien de temps, il prit la décision de fabriquer des respirateurs artificiels et y affecta pendant deux semaines une équipe d’ingénieurs spécialistes en logiciels et en construction de machines. Ils y ont réfléchi jour et nuit avant de mettre au point l'«AmbuVent». En fin de compte, ce respirateur artificiel a été homologué en octobre par la clinique universitaire américaine avant d’être mis en service pour maintenir des patients en vie en milieu hospitalier, relate Tony Haddad, non sans fierté, souriant devant la caméra.

Cette invention ne rapportera financièrement rien à Technica. S’il y a de la demande, Tony Haddad vend cet appareil à prix coûtant aux hôpitaux. Ce respirateur artificiel homologué est fabriqué sur une machine laser Bystronic: des centaines de ventilateurs peuvent ainsi être produits tous les mois. «Le partenariat Bystronic est très appréciable. Ils nous soutiennent, répondent à nos besoins sans compter que la qualité est au rendez-vous. De plus, je suis persuadé que la prochaine machine dont nous ferons l’acquisition sera également une Bystronic». Tony Haddad a tenu parole et a signé, en novembre, le contrat pour un générateur d’azote.

«Si j’avais un souhait…»

Tony Haddad a plusieurs fois souligné lors de notre entretien: «Les choses vont bien pour nous. Nous nous en tirons bien». L’explosion dans le port de Beyrouth n’était pas un hasard «L’explosion fut un choc. Heureusement que nous sommes suffisamment éloignés du port. Mais beaucoup de gens ont souffert. De nombreuses personnes ont perdu la vie. Beaucoup ont perdu leur domicile». Il espérait un éveil, car trop c’est trop. Mais les gens oublient vite. Ils s’adaptent.

Tony Haddad devient songeur et se tait devant l’écran. Lorsque nous prenons congé, il dit encore: «Tu sais, j’avais écris un article en 2002 que j’ai retrouvé il y a peu dans mes dossiers: je rêve de vivre dans un pays dans lequel chacun saurait apprécier la valeur de l’humain. Je formule le vœu que le Liban redevienne la Suisse du Proche-Orient, où nous puissions passer du bon temps, comme dans les années 70».

Technica compte aujourd’hui un effectif de près de 200 employés dont elle se sent responsable comme de leur famille. Selon le credo «Générons ensemble une valeur commune pour notre communauté» (CSV), plus de 2 000 arbres ont déjà été plantés dans les forêts libanaises par les employés et leurs familles.

Technica compte aujourd’hui un effectif de près de 200 employés dont elle se sent responsable comme de leur famille. Selon le credo «Générons ensemble une valeur commune pour notre communauté» (CSV), plus de 2 000 arbres ont déjà été plantés dans les forêts libanaises par les employés et leurs familles.

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